Premier instrument international juridiquement contraignant de lutte contre la corruption, la Convention des Nations Unies contre la corruption constitue un outil unique pour combattre ce problème mondial. En vigueur depuis décembre 2005, cette Convention dont l’ONUDC est le dépositaire couvre quatre domaines principaux: prévention, incrimination et mesures de dé- tection et de répression, coopération internationale et recouvrement d’avoirs. Elle contient également des dispositions relatives à l’assistance technique et à l’échange d’informations, et la Conférence des États parties à la Convention a institué en 2009 un mécanisme d’examen par les pairs. Aujourd’hui, la Convention compte 177 États parties, ce qui signifie que la grande majorité des États Membres de l’ONU y ont adhéré. Il est à noter que la Convention, en tant que seul instrument juridique universel de lutte contre la corruption, contient des normes anticorruption novatrices et mondialement acceptées qui s’appliquent au secteur public comme au secteur privéLa corruption est le principal obstacle au développement économique et social dans le monde
1 . Chaque année, 1 000 milliards de dollars sont versés en pots-de-vin
2 tandis que quelque 2 600 milliards de dollars, soit plus de 5 % du PIB mondial, sont détournés
3 . Le Programme des Nations Unies pour le développement estime que, dans les pays en développement, le montant des fonds soustraits de leur destination par la corruption est 10 fois plus élevé que celui de l’aide publique au développement (APD)
4 . Mais la corruption ne se limite pas au vol de fonds là où ils sont le plus nécessaires; elle est également la cause d’une gouvernance défaillante qui peut à son tour encourager les réseaux criminels organisés et favoriser des infractions telles que la traite d’êtres humains, le trafic d’armes et de migrants, la contrefaçon et le commerce d’espèces menacées d’extinction. De ce fait, la corruption affecte chacun d’entre nous et peut mener à:
- Moins de prospérité: la corruption freine la croissance économique, nuit à l’état de droit et entraîne un gaspillage de compétences et de précieuses ressources. Lorsque la corruption est omniprésente, les entreprises hésitent à investir face au coût nettement plus élevé de l’activité économique. Dans les pays corrompus qui possèdent d’abondantes ressources naturelles, la population bénéficie rarement de ces richesses. La corruption fragilise également les structures de sûreté et de sécurité telles que les services de police. Enfin, elle empêche les populations, les pays et les entreprises de réaliser leur potentiel.
- Moins de respect des droits: la corruption met en péril la démocratie, la gouvernance et les droits de l’homme en affaiblissant les institutions publiques sur lesquelles se fondent les sociétés justes et équitables. L’achat de voix en période électorale compromet le processus démocratique, et la justice est remise en question lorsque des délinquants peuvent acheter leur tranquillité par des pots-de-vin. Les peuples autochtones et les femmes sont particulièrement exposés à la corruption. En raison de leur exclusion géographique et sociale et de l’impossibilité dans laquelle ils se trouvent d’accéder à la protection juridique dont bénéficient d’autres membres de la société, leurs droits économiques, sociaux et culturels sont menacés par la corruption
- Moins de services: la corruption détourne des fonds destinés aux services essentiels que sont notamment les soins de santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable, l’assainissement et le logement. La corruption des fonctionnaires constitue une entrave majeure à la capacité du gouvernement à satisfaire les besoins fondamentaux des citoyens. Dans les pays où l’aide internationale est censée améliorer la qualité de vie, la corruption fait barrage aux efforts de la communauté internationale et met en péril de futurs financements.
• Moins d’emplois: lorsque l’attribution des postes ne relève pas du mérite mais du népotisme, ce sont des perspectives qui se ferment. Pour les pauvres, les femmes et les minorités, la corruption se traduit souvent par un accès encore plus restreint à l’emploi. En outre, du fait qu’elle décourage les investissements étrangers, elle limite la création d’emplois. L’éradication de la corruption est essentielle pour atteindre, entre autres buts, les Objectifs de Développement Durable, et la lutte contre ce fléau est l’une des premières priorités des organismes d’aide au développement et d’un nombre de pays chaque jour plus important.